10/04/2009
Bomarzo, il Bosco Sacro
Au-delà de la simple représentation photographique des sculptures géantes et fabuleuses du "Bosco Sacro" de Bomarzo situé à une centaine de kilomètres au nord de Rome, j'ai essayé d'y ajouter les dimensions de mystères et de farouche poésie que l'on ressent de façon tangible en visitant ce jardin comme une promenade dans une vieille légende ou dans un rêve éveillé.
Et l'emploi de la colorisation permet de rendre au mieux la troublante luminosité de l’irréel.
Géants
L'arbre-pierre
L'éléphant d'Hannibal
L'éléphant et le légionnaire
La Grande Bouche
La gueule du démon
La Harpie
La Maison qui penche
La nourrice
La Sirène
Le gland
Sphinge
Tirages papiers originaux rehaussés manuellement aux encres de couleurs.
La totalité de ce travail présenté dans les diverses expositions compte trente-cinq œuvres, réalisées après plusieurs visites du jardin en 1991 et 1992.
Formats encadrés : 60x60, 60x70 et 60x80.
Voir l'article La troublante poésie de Bomarzo.
Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bomarzo, jardin, statue | | Bomarzo | Facebook
09/04/2009
La troublante poésie de Bomarzo
«Vous qui allez par le monde désireux de voir hautes et stupéfiantes merveilles venez ici où sont faces horribles éléphants lions ours orques et dragons».
La série de photos consacrée au jardin de Bomarzo, de Dominique Zoladz, témoigne d'une double rencontre.
La première, formelle et magique, entre l’Antiquité étrusque et la Renaissance, à travers ces divinités, chimères et dragons, sculptés au XVIe siècle. La seconde, esthétique, par le choc émotionnel émanant d’un lieu magique sur la sensibilité et l'imagination d'un artiste plasticien. Car le parcours statuaire du bosco sacro, orchestré par le seigneur Orsini, est un stupéfiant lexique mythologique et symbolique. Une merveille, dans le sens premier du mot : une miribilia, une chose étonnante et admirable, parfaitement captée dans cette série d'images.
La démarche artistique de Dominique Zoladz est particulièrement sensible, révélatrice de sens.
En vérité, le créateur ne cherche pas à nous re-présenter la réalité, la perception naturelle du lieu et des objets, «l’impression», mais plutôt le phénomène mental secondaire, son «souvenir». Ainsi, nous errons dans le labyrinthe des réminiscences de l’artiste. En nous, d’obscures forces agissent et stimulent nos émotions.
Au fil de nos visions, notre esprit effectue un travail secret et suggestif.
Avec une économie de moyens maîtrisée, Dominique Zoladz illustre à la lettre les propos de Kandinsky : «En général, la couleur est un moyen d’influencer l’âme de manière directe.»
Les conventions, notre culture, nous ont conditionné à regarder l'objet photographique comme une représentation de la réalité : image réelle, évidente, univoque, fait irrécusable.
Or, face à ces «pictographies», nous sommes mystifiés ! Notre œil est trompé. «Combien d’hommes profondément distraits pénétrèrent dans des trompe-l’œil et ne sont pas revenus.» (Jean Cocteau)
En choisissant une technique de colorisation éminemment subjective, le créateur a opté pour une idéalisation, une théâtralité. Il joue de l’équivoque du noir et blanc de la photo et des encres colorées pour créer chez l’observateur une sensation curieuse, un hiatus de la perception, des aller-retours “réalité-illusion”, débouchant sur un phénomène de “relief” et de “profondeur”.
À l’objectivité de l’appareil photo, le plasticien a juxtaposé par la colorisation son affectivité et son doute.
Nous sommes, me semble-t-il, en présence d’une approche esthétique baroque, hautement ambiguë, du latin ambigere, “être en discussion avec soi-même”.
Jean-Pierre Dubois
Voir la galerie Bomarzo, il Bosco Sacro.
Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : bomarzo, jardin, statue | | Bomarzo | Facebook